lundi 4 novembre 2013

La maison des Canuts

A deux pas de la place de la Croix-Rousse à Lyon, la maison des Canuts fait revivre le patrimoine des soieries lyonnaises au cœur du quartier des Canuts (ouvriers tisserands). Il s'agit d'un centre d'interprétation donc ne vous attendez pas à découvrir d'étonnantes collections. Les deux salles du musée sont très succinctes et sans intérêt, il est impératif de participer à une visite commentée pour profiter des richesses du site.


La visite - qui dure 50 minutes - commence par une démonstration de tissage sur un métier à bras. Ce système "automatisé" a été inventé par Joseph Jacquard en 1804. Les métiers à tisser sont très grands et nécessitent des pièces hautes de plafond comme on en voit beaucoup en jetant un œil aux fenêtres des immeubles de la Croix-Rousse. Le canut, n'est pas un ouvrier comme les autres : il a de l'instruction et il possède son propre outil de travail. Généralement la vie de la famille du canut s'organise autour du métier à tisser qui occupe une grande place dans l'habitation.

Le maitre tisserand s'installe devant le métier à tisser et actionne une pédale qui à chaque pression, fait défiler des cartons perforés, qui de façon mécanique, soulèvent les fils de chaîne. Une première pression soulève un fil sur deux sous lesquels le tisserand fait passer avec une navette le fil de trame (ligne de fond), puis à la pression suivante, les fils se soulèvent suivant le motif voulu et le tisserand fait passer des petites navettes de fil de couleur suivant un schéma qu'il a appris par cœur et ainsi de suite (ligne de motif). Même si le système Jacquard a réduit la pénibilité du travail, il faut une très grande concentration. Imaginez que pour un motif façonné basique (type bouquet de fleur), un canut tisse 30 cm par jour au rythme de 15h de travail quotidien. Pour décorer une demi pièce à Versailles, deux tisserands travaillaient 22 à 23 ans (!).

La visite se poursuit dans un petite salle de classe, où la guide met l'accent sur l'apport social des canuts au XIXème siècle, pour conclure sur l'évolution de l'industrie textile en Rhône-Alpes. Vers 1830, la ville de Lyon comptait environ 8000 maîtres tisseurs. Avant la révolution, un lyonnais sur deux travaillait dans le secteur de la soie qui offrait plus de 25 métiers différents. De nos jours, il ne reste que 7 ou 8 maîtres tisseurs et deux maisons de soierie à la Croix-Rousse qui travaillent pour les grandes maisons de luxe ou à la restauration de soieries anciennes (comme celles de Versailles par exemple).

Dans la chaine de la soie, le négociant paie le tisserand. En 1831, un tarif minimum garantit est négocié mais les négociants, bien qu'ayant signé l'accord, refusent de le respecter. Les canuts de la Crois-Rousse décident de manifester pacifiquement mais la répression sera sanglante. Les canuts revendiquaient de "vivre correctement ou de mourir en combattant". Plus de détail sur la révolte des canuts ici.

Avec la baisse d'activité des industries du luxe pendant les guerres mondiales et le développement des textiles synthétiques, l'industrie de la soie a périclité. Le secteur textile reste cependant très important dans la région Rhône-Alpes grâce aux développement des textiles à usage technique (TUT) comme le tissage de la fibre de verre qu'on retrouve dans les circuits informatiques ou les tissages de polyester a usage médical.

La maison accueille également une boutique qui propose écharpes, foulards, carrés soie et autres articles tissés de qualité. Et si vous n'habitez pas Lyon, ils ont une boutique en ligne mais la sélection est très limitée.

Bon à savoir : demandez à l'accueil le plan gratuit des traboules (passages dans les immeubles) de la Croix-Rousse ainsi que les emplacements du mur des Canuts et du mur des Lyonnais célèbres.

Mur des canuts.
Mur des Lyonnais célèbres.

La Maison des Canuts
10/12 rue d'Ivry à Lyon 4è (69)
Ouvert du lundi au samedi de 10h à 18h. Visites commentées de 50min à 11h et 15h30. 
Plein tarif : 6,50€. 
www.maisondescanuts.com

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