samedi 30 juin 2012

Exposition Tim Burton à la Cinémathèque


Dans cette exposition, on y retrouve tout l'univers merveilleux et bigarré du maître à travers une gigantesque collection de dessins et quelques extraits de ses films, courts-métrages, animations, publicités, clips... Le problème c'est que pour profiter de tout ça, il faut prendre le temps de regarder, de s'approcher, de détailler, de lire, de comprendre... et à dix devant la même feuille A4 cela perd très vite de son charme. Pourtant certains dessins sont vraiment croustillants, notamment dans la section "Couples". Et puis, contrairement à l'exposition Kubrick, j'ai trouvé que celle-ci manquait d'envergure, de folie... Le choix de ranger les dessins par thématiques, puis de faire une section par film, en ordre chronologique, ce coté rigoureux et ordonné détonne des personnages difformes, excessifs et extravagants imaginés par le créateur. La ballade est agréable, mais on reste sur sa faim.

L'avantage d'avoir la carte du Ministère de la Culture, en dehors du fait qu'elle offre la gratuité dans la plupart des musées, c'est qu'elle sert également souvent de coupe file. Et lors de grandes expositions événement, comme celle de Tim Burton, c'est un gros avantage. Malheureusement, ça ne réduit pas le nombre de visiteurs dans les allées...



Tim Burton, l'exposition
jusqu'au 5 août 2012
à la Cinémathèque Française 52 rue de Bercy Paris 12ème
Entrée 11€. Les 7 et 21 juillet 2012 de 20h à 01h00, venez déguisés ! Tarif spécial de 7 € pour tous les
visiteurs habillés, maquillés, chapeautés, coiffés en personnages de l’univers de Burton. Des cadeaux seront offerts aux meilleurs déguisements. Pour l’occasion le 51, restaurant de la Cinémathèque, sera ouvert jusqu’à minuit et offrira un "cocktail Burton" à toutes les personnes déguisées.
www.cinematheque.fr

Mascarades et Carnavals aux Musée Dapper


Le Musée Dapper est un musée privé dédié aux arts et aux cultures d'Afrique et des Caraïbes, et financé par la fondation éponyme. Il se situe dans le 16ème arrondissement de Paris et propose ce week-end, deux journées portes ouvertes afin de faire découvrir sa dernière exposition, Mascarades et Carnavals qui se termine de 15 juillet. L'exposition tente de faire le lien entre les sorties de masques en Afrique subsaharienne et les productions carnavalesques des sociétés Caribéennes.

On accède aux salles d'expositions en traversant un pont qui surplombe la boutique et le café. L'endroit est désert malgré la gratuité. Je n'ai pas du croiser plus de dix personnes pendant l'heure que j'ai passée là-bas. Ca change de l'exposition Tim Burton à la Cinémathèque (critique à venir).


La première salle met en regard l’œuvre photographique de de Zak Ové, qui présente des portraits de participants au carnaval du Trinidad, et un film documentaire sur un rituel mas a kongo du groupe Voukoum (Guadeloupe). La salle est très bizarrement organisée, le panneau avec le titre de l'exposition est à l'entrée de l'accès aux toilettes. Aucun texte introductif ne présente le propos de l'exposition, on est immédiatement immergé dans des explications détaillées des photos et du rituel. Les photographies ne sont pas du tout mises en valeur, l'éclairage permet de n'avoir qu'une vue d'ensemble de celles-ci, on est gênés par les reflets dès qu'on essaie de se rapprocher.
Dans la deuxième salle, règne le même désordre. Quelques explications thématiques, deux trois vidéos et une magnifique collection de masques Africains. Le salle est plongée dans la pénombre, seules ces silhouettes parfois drôles ou effrayantes, étonnantes, belles, animales ou majestueuses se détachent, légèrement éclairées dans leurs vitrines. Soudain dans un recoin, une carte qui situe (enfin !) tous les peuples cités dans les cartels qui n'évoquent rien chez moi : Salampsu, Ejahgham, Boki, Tabwa, etc... A l'étage, on trouve quelques créations modernes liées aux rites carnavalesques aux Caraïbes.

Heureusement que la puissance des pièces présentées parlent d'elles-mêmes car la muséographie de l'exposition laisse à désirer. La commissaire d'exposition peine à nous transporter dans son univers, son cheminement est confus, son propos décousu et une néophyte même un peu éclairée comme moi, s'y perd. L'exposition aurait gagné en puissance si elle avait été mieux organisée, plus pédagogique, si les masques africains et les créations des Caraïbes avaient d'avantage dialogués entre-eux. On sent que l'exposition est l’œuvre de scientifiques, et non de professionnels de la monstration et de l'interprétation.

Mascarades et Carnavals
jusqu'au 15 juillet 2012 de 11h à 19h (fermé mardi et jeudi)
Musée Dapper, 35bis rue Paul Valéry Paris 16ème.
Entrée 6 €, gratuit dimanche 1er juillet, et tous les jours pour les étudiants et les moins de 26 ans.
www.dapper.com.fr

vendredi 15 juin 2012

Monumenta de Daniel Buren

Que penser de cette cinquième édition de la Monumenta ? Les avis sont mitigés. Avant de la visiter, j'avais aussi bien entendu des "c'est génial" que des "c'est le plus mauvaises de toutes". Alors j'ai décidé de me faire ma propre opinion.

Tout d'abord, j'avoue que je suis choquée par ce principe de mettre des millions d'euros (3 pour celle-ci) dans un opération à forte visibilité alors que des associations qui se battent au quotidien pour valoriser les artistes, les arts plastiques et l'art contemporain voient leur subvention se réduire d'année en année. Il y a vraiment deux poids, deux mesures, et je trouve très dommageable que, finalement, la seule vrai visibilité qu'ont les arts plastiques pour le tout public est celle-là. Mais revenons à l’œuvre de Buren.

Son œuvre s'appelle Excentrique(s), travail in situ. Il s'agit d'une structure formée de cercles transparent de couleur vive, posée sur des pilotis, à 3 mètres du sol. Cinq grand cercles en miroir sont posés au sol et reflètent la verrière, ou les visiteurs, puisqu'on peut marcher dessus.

A la réflexion, c'est plutôt une réussite. D'abord parce que c'est le seul des 5 artistes qui a vraiment travaillé in situ en prenant en compte dans sa création le Grand Palais, son architecture et ses particularités. Il a repris les courbes et les arrondis avec ces cercles. Il joue avec tous les niveaux du site : on passe en dessous - sorte de forêt multicolore, on la surplombe - elle devient mosaïque géante, on la voit à l'envers grâce aux miroirs... Et surtout il utilise la sublime luminosité changeante offerte par la verrière pour faire vivre son œuvre. Ensuite, avec ses couleurs vives, et se plafond bas, son œuvre humanise et rend moins monumentale cette grande nef vide. Et c'est justement ce paradoxe avec le titre de l'événement qui est intéressant. Enfin, c'est très ludique. L’œuvre, la luminosité, les reflets donnent envie de prendre des photos, de devenir soit même artiste, de se l'approprier et de communiquer sa vision de celle-ci.



Monumenta, Daniel Buren
Nef du Grand Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8ème

jusqu'au 21 juin 2012. 
Tarif 5 euros.


mardi 12 juin 2012

The Yards de James Gray

Du 6 au 12 juin avait lieu la première édition du Champs-Elysées Film Festival. Vous avez forcément vu leur pub dans le métro, ces grandes affiches violettes au design stalinien. Comme ma sœur travaillait comme interprète pour eux, j'ai pu obtenir quelques invitations pour visionner des films.



The Yards de James Gray était projeté au Georges V dans une petite salle aux fauteuils fort inconfortables, où les genoux vous remontent jusqu'au menton. En dehors de cet inconfort, j'ai passé un excellent moment. Leo Handler (Mark Wahlberg), 24 ans, tout juste sorti de prison pour vol de voiture (dont il a endossé la responsabilité pour protéger ses potes), souhaite prendre un nouveau départ, notamment pour rendre fière sa maman qui l'élève seule. Mais très vite il va être pris dans une spirale de magouilles, corruptions, trahisons et meurtres qui semble complètement le dépasser jusqu'au dénouement final. Cet étau qui se resserre petit à petit sur lui est parfaitement amené par le coté oppressant de la bande son. Le travail du cadrage et de la lumière est magnifique sans être esthétisant. Le jeu des acteurs (Mark Wahlber, Joaquin Phoenix, Charlize Theron, James Caan...), où tout passe par un regard, une expression du visage, est saisissant. Un vrai coup de cœur !

Après-midi chamanique au musée du Quai Branly

Longue absence suite à une semaine de vacances à Malte (dont je vous prépare le carnet de voyage) et une reprise bien chargée. Mais je reviens avec une série de nouveaux articles.

Dimanche après-midi, j'ai fais un voyage sans quitter Paris. En introduction, j'ai découvert l'exposition Les Maîtres du désordre qui se tient jusqu'au 29 juillet 2012 à la galerie jardin du Musée du Quai Branly. Ce n'est pas une exposition qu'on peut se permettre de survoler. Il faut se laisser prendre par la scénographie de Jakob+MacFarlane qui à la fois, nous enferme, nous guide, nous perd, nous déstabilise. Le voyage initiatique proposé se découpe en trois parties. D'abord le constat des désordres du monde. Puis, la présentation des intercesseurs. Enfin, la catharsis. Chaque zone thématique est introduite ou illustrée par des œuvres d'artistes contemporains, en parallèle des vestiges, plus ou moins anciens, présentés. Ce qui m'a le plus frappé, ce sont les liens qui existent entre de nombreuses civilisations sur ce sujet. Force est de constater, que quelque soit l'époque ou le lieu géographique ou la croyance, il existe une ambivalence bien/mal - ordre/désordre et que nous faisons appel à des intermédiaires pour tenter de maîtriser les déséquilibres. Parmi les œuvres exposées, il y a quelques films qui sont proposés dont la bande sonore accompagne la visite fort à propos. Au détour d'un méandre, l'on entend des cris d'animaux, des bruissements étranges qui participent à l'ambiance de l'exposition.



De nombreux objets, costumes, masques, instruments, ingrédients, représentations sont exposés et sans une lecture approfondie des cartels, à moins d'avoir de bonnes connaissances de la culture chamanique et animiste sur tous les continents, ils ne "parlent" pas d'eux-même. Mais si on prend le temps de faire un peu de lecture, tout un monde s'ouvre à nous. Afin de compléter ma compréhension de l'exposition, je vais essayer d'assister à une des visites guidées proposées tous les samedis à 15h.


Visite guidée par Télérama

Pour conclure, cette après-midi, j'ai assisté à Sankirtana chants et tambours rituels du Manipur, dernier spectacle de mon abonnement au Festival de l'Imaginaire. Il s'agit d'un rituel mystique lié au culte de Krishna et qui a lieu sur simple commande par des particuliers ou lors de grandes occasions. Il marque toutes les étapes marquant le cycle de la vie des Meitei (ethnie majoritaire au Manipur - nord-est de l'Inde).

Dix-neufs participants, vêtus de dhotis et de turbans d'un blanc immaculé forment les trois cotés d'un carré face aux spectateurs. Il comprend les danseurs-chanteurs munis de petites cymbales reliées par un cordon rouge et vert, au centre se placent les deux tambourinaires-danseurs et le maître de cérémonie ou récitant-chanteur principal. Le rituel commence par des offrandes de santal, noix de betel et fleurs, ainsi que des offrandes de tissus par deux intendants de cérémonie qui se place ensuite à l'extérieur du carré. Le responsable de la cérémonie, souvent un brahmane se place sur un carré blanc à droite, alors qu'à gauche s'installe un musicien qui souffle dans deux conques simultanément pour marquer les cinq étapes du rituel.



Au début l'ensemble est plutôt statique, puis les tambourineurs, faisant preuve d'une grande dextérité pour passer du murmure au grondement frénétique s'animent et accompagnent leurs sons de danses et sauts acrobatiques. Le groupe s'éveille et petite à petit se meut et se déplace en rythme le son des cymbales qui martèlent le propos du récitant. Le tout est envoutant et on se laisse emporter par cette frénésie mystique. Par contre, je ne suis pas certaine que les niveaux sonores atteins par cet ensemble de percussions soit tout à fait contenus en deçà des seuils dangereux pour nos oreilles. D'ailleurs un certain nombre de spectateurs ont quitté la salle en milieu de représentation.