Aujourd'hui, l'Opéra National de Paris offrait à ses abonnés une visite exceptionnelle des coulisses du palais Garnier. C'est mon monument préféré à Paris et je ne me lasse pas de parcourir ce lieu. Pendant les entractes des ballets que je vais y voir, je déambule à tous les étages pour profiter de tous les recoins de ce théâtre.
La visite commence par la rotonde des abonnés, qui permettait aux abonnés d'arriver directement en fiacre sous la salle de spectacle. Puis nous montons directement au dernier étage, sous la Coupole. Et là, à ma grande surprise, je découvre que toute l'armature du palais est en métal riveté. Les stucs, les marbres et les dorures cachent un squelette d'une étonnante modernité. La Coupole accueille une grande salle de répétition aux dimensions du plateau et qui reprend l'inclinaison (de 5%) de la scène. Cette salle a été transformée en salle de répétition dans les années 60, c'était à l'origine un espace vide qui servait à évacuer les gaz de combustion du lustre de la grande salle.
En redescendant vers les ateliers de costumes, nous pouvions apercevoir par chaque fenêtre la neige tomber sur les toits du palais et sur Paris. Dans l'atelier de flou sont (re)créés les tutus, et de façon plus générale les costumes féminins. Au central costumes, magnifique salle toute en bois, les costumes sont en transit entre les ateliers et le service habillement. Les tutus pendant au plafond, la tête à l'envers pour prolonger leur durée de vie et éviter qu'ils ne s'affaissent. Nous traversons des couloirs pleins de costumes plus beaux les uns que les autres. Il m'était très difficile de réprimer mon envie de toucher tous ces textiles. Nous finissons notre visite des ateliers, par celui de décoration, sorte de caverne d'Ali Baba où les textiles sont teints, peints, vieillis et agrémentés de bijoux et accessoires.
Nous rejoignons le plateau par l'arrière où une conférencière pleine de vie nous fait partager la vie des premières danseuses dans le foyer de la danse à la fin du XVIIème siècle. Les riches abonnés en haut de forme y étaient conviés pour choisir leur "protégée" parmi les ballerines. Ceux qui ont vu une fois dans leur vie le défilé du corps de ballet en début de saison, auront aperçu ce foyer, au lointain, qui prolonge la scène (pour lui permettre d'atteindre les 50m de profondeur). Le reste du temps il est inaccessible et sert de salle d'échauffement avant et pendant les spectacles. On traverse enfin le plateau à travers les décors de La Cenerentola et les conduites de Kaguyahime. La salle (d'environ 2 000 places) - que je connais bien - est encore plus impressionnante coté scène avec ses dorures et ses velours rouges. Le plafond de Chagall, peint par dessus celui de Lenepveu abîmé par l'éclairage au gaz, apporte une touche moderne à l'ensemble.
Petite parenthèse au sein de la bibliothèque, souvent ouverte au public pour des expositions. Elle dépend de la Bibliothèque Nationale de France et regroupe tous les ouvrages liés à l'Opéra et aux Ballets. La salle de lecture qui devait être le fumoir privé de Napoléon III, peut accueillir jusqu'à 18 chercheurs.
La visite se conclut par une promenade dans les espaces publics, le grand foyer - inspiré de la galerie des glaces à Versailles - et le grand escalier avec ses 24 sortes de marbre différents qui proviennent de toute l'Europe. C'est le seul théâtre dont plus de 30% de sa superficie sont dédiés aux espaces publics. L'escalier lui-même, avec ses "loges" tout autour, est comme une théâtre dans le théâtre où l'on vient voir et se montrer. Les déambulations en famille dans le grand foyer, permettaient de rencontrer d'autres familles de rang équivalent pour marier ses enfants.
Un peu d'histoire. Douze salles d'opéras avaient été construites à Paris, depuis que le genre avait été créé par Louis XIV en 1669. Toutes en bois, elles ont toutes maintenant disparu par le feu. C'est après avoir évité de justesse un attentat en se rendant à l'Opéra de la Rue Pelletier que Napoléon III ordonne la construction d'un treizième Opéra, et fait ouvrir un accès direct pour s'y rendre de ses appartements (au Louvre). Suite à un concours, le projet du jeune et peu connu Charles Garnier est choisi à l'unanimité en 1861. L'Opéra sera inauguré 14 ans plus tard, en 1875, Napoléon III ne l'aura jamais vu achevé et n'aura jamais profité de son avenue.
1 commentaire:
ça me rappelle des souvenirs, merci pour ce beau reportage
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