samedi 22 juin 2013

Sortie de Masques Dogon au Musée du Quai Branly

Le peuple Dogon vit enclavé au cœur du Mali. De nombreux villages sont "accrochés" le long de la falaise Bandiagara. Ce sont avant tout des cultivateurs (mil, coton, arachide, oignons), mais aussi des pêcheurs et chasseurs. 

Village Dogon. By John Spooner.
Leur vie est rythmée par divers rites, agraires, rites des ancêtres ou rites funéraires accompagnés de chants et de danses. Le rite funéraire se déroule en trois temps : 
- L'enterrement est organisé rapidement après le décès. Le corps est lavé et déposé à l'air libre dans un creux de la falaise qui servent de cimetière. 
- Quelques mois plus tard des funérailles permettent à la famille et aux proches de rendre un dernier hommage au défunt. 
- Tous les deux ou trois ans, lorsque plusieurs décès ont eu lieu, vient le temps du dama. Les âmes errantes dans le village sont invitées à rejoindre les ancêtres. Au cours de cette cérémonie, qui peut durer plusieurs jours, les masques sont sortis et défilent à travers le village. 

Les sorties de masques sont dirigées par une société initiatique, la "société des masques" ou awa, composée des hommes du village. Les masques sont en bois peint de couleurs vives ou des cagoules muselières ornées de cauris. Les membres de l'awa apparaissent un par un, puis forment un cercle entre les maisons des morts. Ensuite chacun occupe le centre du cercle en réalisant un danse acrobatique. Enfin, la ronde est brisée et les masques reviennent un à un ou en couple à l'appel de leur chant (accompagné de tambours). 

Masque du lapin. Collection du Musée du quai Branly
Collections du musée du quai Branly.


Les masques représentent le monde Dogon. Il y a la Sœur des masques ou satimbe, surmontée d'une marionnette, les jeunes filles peule et bambara, recouvertes de cauris, le brigand, le colporteur, l'homme peul ou le goitreux, et la jeune fille, yagule, sur ses échasses. Le guérrisseur passe à travers la foule - ici le public - pour purifier la cérémonie. Viennent ensuite les animaux : buffle, coq, hyène ou babouin, chacun symbolisé par un masque, des attributs et une danse particuliers. On trouve aussi plusieurs masques kanaga, surmontés de la croix Dogon et le Sirige, ou maison à étages, représentée par une longue planche de bois de plusieurs mètres et striée de blanc et noir.Les masques sortent dans un ordre différent à chaque cérémonie.



J'ai été assez déçue. Il est toujours délicat d'assister à un rituel hors contexte, sur une scène. Mais ne pouvant voyager, à mon gré, à travers toute la planète pour les découvrir in situ, j'ai appris à m'en contenter. Cependant, j'ai eu davantage l'impression d'assister à une représentation de cirque qu'à un rituel funéraire. Le public applaudissait à tout va en cassant les rythmes imposés par les tambourinaires et la "barrière" de la scène empêchait de se laisser emporter par cette fête. 

Les Dogons, sortie de masques par l'awa de Sangha
au Théâtre Claude Levi-Strauss du musée du quai Branly, 37 quai Branly, Paris 7ème
du 14 au 16 juin 2013
Festival de l'Imaginaire
du 20 mars au 29 juin 2013
www.festivaldelimaginaire.com

vendredi 21 juin 2013

Cheveux chéris au musée du quai Branly

Jusqu'au 14 juillet 2013, le musée du quai Branly propose sur sa mezzanine ouest une exposition transversale sur les cheveux, thème à la fois familier et original qui a aiguisé ma curiosité. Le sous-titre de l'exposition Frivolité et Trophées résume bien le parcours proposé par le commissaire Yves Le Fur (directeur du département du patrimoine et des collections du musée).



L'exposition fait une boucle. On commence par une série de bustes de diverses époques, en marbre et en bronze, qui offrent une confrontation des coiffures européennes et non européennes. Puis pour développer le thème de la frivolité, photos et tableaux, anciens et contemporains, se répondent et s'opposent sur les thèmes du pouvoir, de la séduction, de la compétition brune/blonde, des clichés qui y sont rattachés, ou de l'inspiration ethnique dans les coiffures de mode. D'abord symbole de superficialité on passe rapidement dans cette première section.


Les salles se font plus petites et plus tortueuses, des embouteillages se créent. On commence a réfléchir sur cet objet de coquetterie qui est une part de soi à laquelle on est peu enclin à renoncer. Le thème de la perte, volontaire puis contrainte, est abordé. Deux séries de courts extraits vidéo illustrent les nombreux rites marqués par une cérémonie liée à la coupe des cheveux à travers le monde : entrée dans les ordres, étape de vie (mariage, entrée à l'âge adulte...)... Sur un grand pan mural, des femmes soupçonnées d'avoir couché avec l'ennemi pendant la seconde guerre mondiale se font humilier sur la place publique, on leur rase la tête. Puis la perte des cheveux pour cause de vieillesse ou de maladie est traitée par une magnifique série photographique.


La troisième partie de l'exposition, la plus grande, est consacrée aux pouvoirs magiques des cheveux. Réputés imputrescibles, ils survivent aux morts, c'est pourquoi de nombreuses croyances leurs attribuent des pouvoirs. Une impressionnante collection d'objets, ornements et trophées fabriqués à base de cheveux sont réunis dans cette section. Coiffes, capes, masques, colliers sont réalisés avec des mèches de chefs, hommes de pouvoir ou guerriers pour transmettre leur puissance au porteur. Les scalps ou mèches qui ornent les armes sont un rappel à l'ennemi de la force du guerrier qu'il affronte. L'exposition se termine par une extraordinaire série de têtes réduites, crânes et momies dont la chevelure a été conservée...




C'est un exposition vraiment surprenante, où l'on passe du beau au répugnant, du banal à l'incroyable. Elle est universelle - nous avons tous des cheveux - et intéressante - on apprend beaucoup. On se questionne, on s'interroge sur notre propre rapport à notre chevelure. Et puis je ne sais pas vous, mais pendant toute l'exposition et en sortant, je regardais avec beaucoup d'attention toutes les coupes, les textures, les couleurs de cheveux qui je croisais... 

Un jeu-concours est proposé. Un quizz est à disposition à l'entrée. On peut ainsi mener l'enquête à travers l'exposition et tenter de gagner un relooking, des catalogues ou billets d'entrée au musée.

Cheveux chéris, frivolités et trophées
jusqu'au 14 juillet 2013
au musée du Quai Branly, 37 quai Branly, Paris 7ème
Ouvert du mardi au dimanche, de 11h à 19h, nocturne jusqu'à 21h les jeudi, vendredi et samedi.
Plein tarif : 10,10€ (Accès aux collections permanentes). Gratuit le 29 et 30 juin et le 1er dimanche du mois.
www.quaibranly.fr

jeudi 20 juin 2013

A méditer

Un jour quelqu’un vient voir Socrate et lui dit :
– Écoute Socrate, il faut que je te raconte comment ton ami s’est conduit.
– Arrête ! interrompit le sage homme. As-tu passé ce que tu as à me dire à travers les trois tamis ?
– Trois tamis ? dit l’autre, rempli d’étonnement.
– Oui mon bon ami : trois tamis. Examinons si ce que tu as à me dire peut passer par les trois tamis. Le premier est celui de la vérité. As-tu contrôlé si tout ce que tu veux me raconter est vrai ?
– Non, je l’ai entendu raconter et...
– Bien bien. Mais assurément, tu l’as fait passer à travers le deuxième tamis. C’est celui de la bonté. Est-ce que ce que tu veux me raconter, si ce n’est pas tout à fait vrai, est au moins quelque chose de bon ?
Hésitant, l’autre répondit :
– Non, ce n’est pas quelque chose de bon, au contraire...
– Hum, dit le philosophe, essayons de nous servir du troisième tamis, et voyons s’il est utile de me raconter ce que tu as envie de me dire...
– Utile ? Pas précisément...
– Eh bien ! dit Socrate en souriant, si ce que tu as à me dire n’est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère ne pas le savoir, et quant à toi, je te conseille de l’oublier...

J'espère que ce que vous retrouverez dans ce blog répondra aux trois tamis de Socrate. :-)